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17 août 2013

Amour et désamour du tatouage

Tatouage : marque de l'âme ou accessoire de mode ?

 

lion

 

Autrefois frein systématique à l'embauche, le tatouage a su progressivement s'inscrire dans notre quotidien. Les chiffres parlent d'eux mêmes : selon un sondage Ifop, près d'un Français sur 10 serait aujourd'hui tatoué, et 2 sur 10 parmi les moins de 35 ans. Les salons de tatouage se sont multipliés, en 2013 on en compte pas moins de 4000, contre seulement 400 dans les années 90 ! Cette récente tendance touche également les États-Unis, et de manière plus importante, puisque 16% de la population posséderaient au moins un tatouage d'après un récent sondage Harris Interactive.

Pour quelles raisons les nouveaux adeptes succombent-ils au charme de ces marques indélébiles ? Diverses et nombreuses sont leurs motivations, certaines tiennent au vécu de la personne, d'autres à la symbolique culturelle que le tatouage a pu revêtir au cours des siècles et à travers les continents.

Certains d'entre vous connaissent peut être l’émission Miami Ink diffusée sur Numéro 23, nouvelle chaîne de la TNT. En nous faisant suivre le quotidien d'un salon de tatouage aux États-Unis, ce programme nous plonge dans l'intimité de toutes les personnes venues franchir le pas du tatouage permanent. Pour la plupart d'entre eux, il s'agit d'immortaliser un événement important tel qu’un décès ou une naissance : leur cœur a été touché, leur corps doit l'être aussi.

 

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Le rapport entre l'âme et le tatouage est d'ailleurs intrinsèque au terme tatouage, les mots tahitiens ta et atouas signifiant respectivement dessin et esprit, Dieu. Ce lien n'a toutefois pas toujours été la vocation première du tatouage. Voici un petit rappel de ce que le tatouage a pu signifier par le passé.

 

            Dès le Néolithique, d'où remonteraient les premiers tatouages, ceux-ci étaient réalisés à des fins thérapeutiques, c'est du moins ce que laissent penser les petits traits présents sur le corps gelé d'Otzi (3000 av. J-C) retrouvé en 1991 dans un glacier préalpin italien.

 

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 Des momies de femmes datant de 2000 av. J-C, et d'autres du 1er siècle av. J-C, en Egypte et au Soudan, présentent également des motifs géométriques, lignes et points dont les tracés coïncident avec des points d'acupuncture bien connus.

En médecine moderne, le tatouage est parfois utilisé pour reproduire facilement certaines thérapies médicales ; il sert, en cas de tumeur, à marquer les zones à irradier.

Dans un registre plus proche de la superstition que de la médecine, les Égyptiens prêtaient  au tatouage des vertus curatives. Ainsi, un oiseau sur la tempe ou une croix sur le front, les protégeaient des migraines ou de la faiblesse mentale. Autre croyance culturelle, l'enfant né après un enfant décédé devait, pour être immunisé contre la mort, être marqué d'un point sur le front et d'un autre à l'extérieur de la cheville gauche.

 

Outre ses fins pseudo-médicales, le tatouage a longtemps été, et est encore aujourd'hui, signe d'appartenance à un groupe. Détenus, membres de tribus, militaires, marins, pirates, à chacun sa marque de reconnaissance.

En Afrique, le tatouage indiquait la classe sociale de la personne. Signe de liberté et de pouvoir, seuls les maîtres en arboraient, et non les esclaves.

Dans la Grèce, puis dans la Rome antique, à l'inverse, le tatouage était réservé aux prisonniers, criminels et esclaves.

En France, à l'époque du compagnonnage, le tatouage a constitué le dernier rite d'initiation de l'apprenti, le motif étant en lien avec son corps de métier (ex : une truelle pour les maçons).

En Polynésie ou en Afrique, le tatouage a aussi symbolisé le passage d'un état à un autre, celui de l'enfance à l'âge adulte, et ce, tant pour les femmes que pour les hommes. Toujours avec ce lien entre le dessin et l'esprit, il était censé fortifier le jeune adulte.

Tatouage-visage-polynesien

 

Les Cambodgiens, pour leur part, prêtaient aux tatouages une valeur religieuse. D'après la tradition, ce n'était qu'une fois consacrées par sept moines de sept monastères différents, que les inscriptions conféraient puissance et protection à leur détenteur, tel un talisman.

 

Malgré ces différentes symboliques historiques du tatouage, nombre de nos contemporains demeurent convaincus qu'il s'agit d'une pratique de voyous, la plupart des membres de gangs et des incarcérés en possédant au moins un. Si ces personnes peu informées sur le sujet font un triste amalgame, il faut reconnaître que détenu, ou prisonnier, et tatouage, sont intimement liés. Au Moyen-Age, en effet, le tatouage constituait une sanction au même titre que la peine de mort ou les galères en France ! Plus largement, il était d'usage de tatouer tous les détenus, comme pour les marquer du sceau de la honte. Durant la seconde guerre mondiale, cette pratique fut appliquée aux prisonniers des camps de concentration, à chacun étant attribué un matricule.

 

            Plus récemment, notre société a trouvé des utilités particulièrement originales aux tatouages. Une dame prévoyante s'est par exemple fait tatouer sur la poitrine « ne pas réanimer » et sur le dos « retournez s'il vous plait ».

 

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D'autres, désireux d'être maintenus en vie, se sont contentés d'indiquer leur groupe sanguin. Ingénieux non ?

La firme Nokia a de son côté envisagé de créer le tatouage à encre magnétique, qui vibre lorsque notre téléphone reçoit un message ou un appel. Innovant ou effrayant, on ne sait trop qu'en penser, si ce n'est que ce doit être une sensation étrange. Quant aux conséquences sur la santé, il serait intéressant d'étudier de plus près la question.

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Outre ces fonctions purement utilitaires, certains esthètes, du moins de leur point de vue, ont décidé de faire de leurs corps une toile, donnant parfois naissance à de véritables œuvres d'art pictural.

 

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Utile mais surtout esthétique, le tatouage capillaire s'est récemment développé comme remède/cache-misère à la calvitie, pour un rendu relativement naturel.

 

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De ce saut dans l'histoire, il ressort que les tatouages actuels n'ont rien à voir, symboliquement parlant, avec ce qu'ils ont pu incarner dans l'imaginaire de telle ou telle civilisation. De nos jours, soyons honnêtes, la majorité des personnes tatouées sont passées à l'acte pour suivre la tendance, consciemment ou non d'ailleurs, de même qu'elles auraient pu s'acheter tel vêtement ou accessoire en vogue. D'autres au contraire, ont mûrement réfléchi leur choix, leur tatouage renfermant une signification forte et toute personnelle.

 

Malheureusement, toute mode comporte ses dérives, et celle-ci n'a pas été épargnée, à regarder les tatouages farfelus apparus ci et là.

 

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http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=9mIBKifOOQQ

 

A ceux qui éprouveraient des regrets, rassurez-vous, le laser fait des miracles maintenant, il vous faudra seulement débourser entre 80 et 300 €  par séance de détatouage !

 

 

 

 

 

 

 

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