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Pause curiosité
23 juillet 2013

Le phénomène troublant des mini miss

Quelle éducation pour les mini miss ?

 

 

En deuxième partie de soirée dimanche dernier, NT1 diffusait une émission consacrée aux concours de mini miss aux Etats Unis, cette émission se décline en plusieurs épisodes regroupés en saisons. Vous pourrez visionner les derniers épisodes en cliquant sur le lien ci-dessous :

http://videos.nt1.tv/mini-miss/saison-4-emission-18-8132355-846.html

 

Par le sigle déconseillé aux moins de dix ans, et par un avertissement écrit, le ton est donné : « Le concours des Mini miss est un phénomène aux Etats-Unis. Ce phénomène se développe en France et fait l’objet d’un encadrement strict [http://www.miss-mini.fr/histoire-des-mini-miss/]pour préserver l’équilibre et l’épanouissement des enfants ».

Une rapide lecture entre les lignes laisse entendre qu’équilibre des enfants et concours de mini miss ne vont pas toujours de pair. Pas toujours ? Oui, il s’agit bien d’un euphémisme, et pas des moindres !

Le reportage commence, in media res, et nous donne raison dès les premières images, on reste sans voix face au défilé de fillettes hystériques de ne pas être coiffées ou maquillées à leur convenance. Puis une mère justifie, à sa façon, le comportement de sa fille : « elle a simplement un caractère de diva, si elle veut quelque chose, elle l’obtient, si elle ne le veut pas, elle ne le fait pas ».

L’émission se poursuit pour s’intéresser spécialement à deux concurrentes de cinq ans, tout aussi célèbres l’une que l’autre dans le milieu : Makenzie (brune) et Eden (blonde). La première serine sa mère de « Tu me rends folle », tandis que la seconde nous gratifie d’un simple « Je suis sublime ». Attendrissants enfants...


 

Enjeu de cette intense compétition : un lit à baldaquin, « glamour » dixit la directrice du concours, Annette Hill. Au risque d’offenser certains passionnés, le suspense prend fin ici : aucune des deux n’a remporté le fameux sésame. Le jeune âge des participantes prend alors le dessus, de chaudes larmes viennent glisser sur les joues des perdantes.

Pour être sacrées reines du concours, les fillettes doivent défiler dans différentes tenues et réaliser une performance en danse, claquettes, ou autre discipline de leur choix. Costumes kitschs, coiffures volumineuses, et maquillage à outrance sont de mise, tout cela sous le regard contemplatif des mamans/coachs qui semblent vivre cet instant par procuration.

Cette relation entre le rêve de la fille et celui de sa mère n’a pas échappé aux internautes de Twitter qui ont massivement commenté l’émission. Voici un petit florilège des Tweets les plus percutants (et à l'orthographe approximative) :


 

Comme le laissent entrevoir ces tweets, le concept de mini miss est au cœur de nombreux débats. Ces débats ne sont pas nouveaux, ils sont apparus avec le phénomène des mini miss lui-même (seconde moitié du XXème  siècle), les opposants dénonçant essentiellement l’hyper sexualisation des fillettes.

En février dernier, Chantal JOUANNO, sénatrice française UDI (Union des Démocrates et Indépendants), a déposé une proposition de loi visant à interdire les concours de mini-miss aux filles de moins de seize ans. Le texte propose également d’interdire le recours aux égéries mineures, à moins que les produits de marque en question ne soient destinés aux mineurs.

Ce principe d’égérie mineure avait déjà fait polémique en 2011, après la publication, par le magazine Vogue, de photos « sensuelles » de Thylane Lena-Rose Blondeau. Sur le papier, la fillette ne correspondait pas tout à fait à l’idée que l’on pourrait se faire d’une enfant de 10 ans. Jugez par vous-mêmes :

 

 

              Laisser aux enfants le temps pour grandir et pour découvrir, étape par étape, ce que chaque période de son existence peut lui offrir, semble relever du bon sens. Pourtant,  cet ordre des choses est intégralement bousculé avec les mini miss. Agées de seulement deux, cinq ou dix ans, ces fillettes vont chez l’esthéticienne, elles souhaitent « régner sur le monde », mettre plus de rouge à lèvre ou des talons plus hauts. Quand la plupart des petites filles jouent à la poupée et sont obnubilées par les princesses, les mini miss, elles, incarnent leur propre poupée et se convainquent d’être de vraies princesses.


 

Ces petits « monstres » se façonnent avec la complicité de leurs parents qui rêvent de réussite pour leur progéniture adorée. Rien n’est trop beau pour voir leur fille coiffée d’un diadème et vêtue d’une écharpe, céder aux caprices devient leur quotidien. En atteste la réflexion de la jeune Eden dans le reportage : « Je fais tout ce que je veux ».

 

               Outre le risque de favoriser l’égocentricité, les concours de mini miss posent le problème des valeurs transmises aux fillettes. Les juges notent, entre autres, le sourire, la coiffure, les yeux et la robe ; tout porte à croire que la fille n’existe que par son physique dans ce genre de compétition. Le slogan de l’émission est d’ailleurs « Mini miss : Qui sera la plus belle ? ».

Est-ce normal ? Doit-on être choqués ou plutôt prendre cela comme un simple divertissement, ou comme un éloge fait à la féminité ? Sur ce point, il parait difficile de trancher la question pour les mini miss, lorsque l’on sait que les règles sont les mêmes pour les miss adultes, à une épreuve de discours près.  C'est vrai que les concours de miss adultes ont ce mérite de nous offrir de grands moments d’éloquence.

La plupart des émissions consacrées à ces concours de beauté n'abordent quasiment jamais  la question du devenir de ces petites poupées; et pourtant, il serait tout à fait intéressant d'étudier l'impact de tels concours sur la construction de l'enfant, de son identité propre. L'une des mères filmées dans l'émission de NT1 espérait fort que, lors des concours, sa fille de 5 ans serait repérée pour tourner des films ou des publicités, qu'elle deviendrait célèbre et lui rapporterait de fortes sommes d'argent. C'est à cette fin que la maman a décidé d'inscrire sa fille, sans que celle-ci ne lui ait demandé quoi que ce soit. 5 ans seulement et une vie déjà programmée. Nul doute qu'il sera difficile pour cette fillette de concilier son évolution personnelle, les espérances de ses parents, et l'étiquette de "barbie" dont elle aura été estampillée dès son plus jeune âge.

Parents, entre prudence et tendance, c'est à vous de choisir !

 

                 

 

 

 

 

 

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